Lettre mensuelle n° 1 (avril 2024)
[NDLR : La « Lettre de Patrick » est d’abord à destination de la liste de diffusion de l’association ; elle est reproduite ici pour une plus large diffusion.]
L’idée de mise en route de la présente lettre, c’est : tisser un lien plus court et plus solide entre les membres de la Confrérie. Parce que sur le terrain, du fait de son aire d’influence, (modestement) le monde entier, il est difficile pour les membres de prendre tous les jours l’apéro ensemble (avec modération, comme ils disent un peu hypocritement à la télé) ou le café du matin (là à volonté, vu que pour se bourrer avec de la caféine, faut y mettre de la bonne volonté). Les footeux, rugbymen et autres cyclistes des clubs de village peuvent le faire, pas nous. Reste donc le lien par la toile qui, bien que pas vraiment génial en terme économique et d’écologie, l’informatique demeurant très gourmande en énergie, permet de rester en étroit contact, au moins virtuel.
Alors, après avoir récolté l’ensemble des adresses mail dont le comité directeur de l’association conserve la liste, nous tâcherons de réunir deux trois points d’actualité confrériale capables d’offrir le sujet du mois (ou de la quinzaine ; seule l’expérience dira si nous disposerons d’assez de matière pour fournir à la quinzaine). Sachez tout de même que, vu la personnalité et les envies de celui qui doit commettre ce travail, outre l’information, qui devra toujours être en rapport sérieux avec les préoccupations de la Confrérie, cette lettre informatique sera toujours empreinte de ce que l’auteur considère comme une forme d’humour. Cependant et vu que les formes d’humour sont multiples et que chacun n’apprécie pas les mêmes, il vous sera toujours possible de demander le retrait de votre adresse de la liste d’envoi si vous n’appréciez pas les élucubrations de l’homme qui écrit. Parce que pour être tout à fait clair, si le but reste, à la lecture de cette bluette, de maintenir et de renforcer le contact avec vous sixcentcinquantistes, il s’agit également pour le rédacteur de prendre du plaisir à l’écrire. Quelqu’un a dit que « charité bien ordonnée commence par soi-même ».
Voilà donc le projet. Il n’est pas réellement nouveau. Il y a longtemps déjà, à une époque où les utilisateurs de 650B erraient dans les campagnes battues par les vents et les orages, déguenillés et en loques tant le milieu cycliste, cynique et rigolard, les avait dépouillés de tout équipement technique et de toute possibilité de recrutement, la Confrérie avait déjà utilisé ce procédé. Dépourvus de force, épuisés par la lutte contre la montée d’un « couraillonnisme massif et à la mode » (qui rassemblait même semblait-il les sumos à la retraite qui, une fois coupée la natte*, posaient leur énorme bide sur la potence aheadset d’un vélo de course dont le cadre carbone et les roues seize rayons avaient bien du mal à tenir la charge), ce travail-là avait dû être arrêté.
Ce ne sera donc qu’une reprise qui conserve l’espoir de vous plaire, de vous distraire, un instant dans les faits mais longtemps dans vos cœurs pour vous resserrer un peu plus autour du noble projet sportif et humain de la Confrérie des 650.
* Pour marquer leur fin de carrière, les sumos coupent la natte qui symbolisait leur état.
Humide et ventée l’hivernale : la tradition de fin d’hiver a été respectée en cette année 2024. Ils furent une douzaine à partir braver la froidure de Tours à Vaison-la-Romaine. « Nous avons eu les quatre saisons ! » s’enthousiasme malgré tout notre Pierrot de Souillac. Il est vrai que partis sous le soleil, les vaillants cyclos furent surpris par une épaisse couche de neige du côté de l’Allier avant d’affronter le vent violent de la Provence. Et Dieu sait si, dans ce coin de France, quand Éole se fâche le cyclo ne renifle plus la transpiration. Le dénivelé aussi fit quelques misères aux cuisses en manque d’entraînement, glissant de la distance entre les groupes de grimpeurs. Pas assez toutefois pour casser la bonne humeur qui régna sur l’ensemble du parcours. De Vaison, certains des participants franchirent facilement les trente-trois kilomètres qui la séparent de Pernes-les-Fontaines pour s’en aller fêter le centenaire de Pâques en Provence.
Le centenaire d’un grand rendez-vous : pour le cyclo qui se respecte, Paul de Vivie alias Vélocio demeure le fondateur et le grand patron d’une activité dont les bases sont bien définies, loin des projecteurs de la compétition, de la frime envers les spectateurs et les copains, des flacons aux vertus… énergisantes et des gros sous qui motivent les sponsors. Avec Vélocio, il s’agit de sorties enrichissantes, physiquement et mentalement, de contemplations et de voyages, même si cela n’exclut pas la longue (voire très longue) distance à allure soutenue… pour ceux qui peuvent. En 1924, le grand homme instaura un rendez-vous printanier afin de rassembler les adeptes de sa philosophie cycliste.
À Pâques, en cette année 2024 à Pernes-les-Fontaines, se tint le 100e anniversaire du premier « Pâques en Provence ». Pourquoi à Pernes-les-Fontaine ? Parce que c’est dans ce gros bourg du Vaucluse que notre Paulo vit le jour en 1853.
Aux dires de Loïc (Vaudry), membre du CD de la Confrérie, malgré l’importance historique et mémorielle de la manifestation pour les pratiquants de la plus noble façon de considérer le vélo, la fête fut belle, mais sans plus. Elle ne rassembla qu’une population semble-t-il assez limitée (loin en tout cas en nombre, cela dit en passant, de celle que l’on attend pour des jeux olympiques de Paris. Énorme foire d’esbroufe, de gros sous et d’influence politique dont les organisateurs nous gonflent depuis bientôt un an. En s’appuyant, de surcroît, sur le discours prétendant qu’il s’agit de véhiculer les valeurs du sport, depuis longtemps devenues fantômes quand il s’agit de haut-niveau… Fermons la parenthèse). Discours des officiels, buvette du club organisateur, balades cyclotes et mise en place d’une plaque commémorative en l’honneur de notre copain Raymond Henry dont les qualités de cyclo-touriste se doublaient du titre, non officiel mais que personne ne conteste, de plus grand historien du cycle de notre temps. À noter la présence de notre président d’honneur Henri Bosc qui, malgré ses 89 printemps, ne pouvait rater l’anniversaire de cette manifestation et à travers elle celui de son grand ami Vélocio qui l’avait créé.
Patrick Jean