À la rencontre de Stéphane Horseau 2006

Stéphane Horseau, l’enchant(ub)eur de Breuillet

Il ne faut jamais se fier aux apparences Parce que si les randonneuses de la Confrérie sont d’une magnifique élégance, et si cette dernière ne peut être, à priori, que le fruit de l’expérience, leur constructeur n’est âgé que de… 32 ans.

Bien que fils de commerçant, Stéphane n’est pas né dans le milieu du cycle. Son papa vendait bien
des bicyclettes mais l’activité principale de la maison Horseau, c’était plutôt la motoculture et les pétrolettes (les scooters comme on dit aujourd’hui). Seulement voilà, Stéphane son truc c’était le vélo. Mais pas le vélo qu’on achète en Chine et qu’on revend à prix d’or, non, son créneau c’était la fabrication. Alors déjà pas mal « futfut » pour son âge et un peu avec l’aide du papa compréhensif, c’est chez Marcel Dejouannet, artisan-cons­ tructeur bien connu des cyclos de longue date, que le petit allait faire ses classes.

En stage à Bressuire chez l’un des derniers grands couturiers du cycle, Stéphane apprit du vieux monsieur le B.A. ba de son métier. Puis, lorsque fut venu pour Marcel le temps de la retraite, c’est vers son pou­lain que l’homme orienta sa recherche pour une éven­tuelle continuation de son activité. Stéphane, intéressé, racheta le matériel de l’entreprise Dejouannet et entre­ prit dans la foulée la production de ses propres machi­nes. En 1997, ce fut au tour de papa Horseau de partir en retraite et le fiston demeura Maître de la destinée de l’entreprise familiale.

Aujourd’hui, si les  » Cycles Horseau  » continuent à travailler la clientèle motoculture et vélomoteurs, Stéphane délègue la mécanique à l’un de ses trois em- poyés pour se consacrer presque exclusivement à la construction des cadres et au montage des bicyclettes. Ce secteur représente grosso modo 40 % de son activi­té.

De par son tempérament et fruit de l’enseigne­ ment reçu, la méticulosité et le sérieux demeurent les qualités les plus frappantes du constructeur Stéphane Horseau. La précision dans le geste, la concentration et l’attachement à régler le moindre détail font des randon­ neuses  » Stéphane Horseau  » des machines de grande qualité. Rien pour Stéphane ne doit être laissé au ha­ sard. Chaque point doit être réfléchi de façon à appliquer la solution la plus efficace. Et lorsqu’un problème vient interroger sa quand même très jeune carrière, c’est vers celui qu’il appelle affectueusement Marcel qu’il se tour­ ne encore aujourd’hui. Un Marcel, cela dit en passant, qui vient de temps à autres à l’atelier, histoire de se re­ plonger dans l’ambiance de son jeune temps et pour y humer encore l’odeur particulière de la graisse et de la machine outil.

C’est avec ce jeune homme de grande qualité à leurs côtés que les responsables de la Confrérie des 650 ont lancé la production d’Evolution 3.

Comme d’habitude à la Confrérie, il s’agit d’un véritable partenariat au sein duquel chacun doit retrou­ ver ses  » billes « . Stéphane est toujours respecté en tant que commerçant, et le bénéfice qu’il doit justement reti­ rer de son travail figure toujours en tête du cahier des charges. La Confrérie, en votre nom, et tant qu’associa- tion, entend par contre rester maîtresse de son projet à la fois technique et éthique. La distance physique qui sé­ pare les animateurs de la Confrérie de l’atelier de Stéphane imposent une qualité d’écoute et de dialogue particulière pour arriver à marier des univers qui peuvent paraître aussi éloignés et qui pourraient devenir antago­nistes. Stéphane vient tout naturellement du monde de la course, et il n’a évidemment jamais connu les époques plus anciennes où un mouvement cyclo-touris­ te fondé sur une philosophie non mercantile loin des modes pouvait s’épanouir…Ce que nous discutons au­ jourd’hui avec lui, c’est comment, en dépit d’un marché tourné presque exclusivement vers les importations, la course et le carbone, il peut se construire la place qu’il mérite dans l’espèce de no man’s land inculte et désolé de la construction du vélo de qualité, que nous consta­ tons tous. Et pour y arriver, c’est à la Confrérie aujourd’­ hui d’initier et de révéler à Stéphane l’essence d’une pra­ tique séculaire et précieuse comme Marcel Dejouannet lui a enseigné et appris les grands fondamentaux, les méthodes et les astuces indispensables pour construire des randonneuses de grande qualité.

Evolution 3 est aujourd’hui totalement reconnue dans les pelotons, physiquement, mais aussi comme partie intégrante et majeure d’une véritable activité cy­cliste de loisir. D’autres projets sont à l’étude grâce à l’osmose qui s’est opérée au fil du temps entre Stéphane et la Confrérie. Le binôme vous réserve, soyez-en sûr, de belles surprises.

Un seul point de ce constructif tandem demeure noir… Les cycles Horseau sont établis à Breuillet, au fin fond de la Charente-Maritime. Alors, les déplacements nécessaires pour finaliser tel ou tel projet contraignent le président à une quinzaine d’heures de train, à quatorze heures de voiture pour le secrétaire. Dur, dur… mais comme chacun le sait :  » Quand on aime on ne compte pas « .

Article de Patrick Jean, paru dans le numéro 22 de la revue Le Six Cent Cinquante.