Des pneus…

Depuis une vingtaine d’années, du plus profond du trou dans lequel les professionnels du vélo avaient tenté d’enterrer le 650 B, sans jamais être en totale rupture d’enveloppes, la Confrérie des 650 était en recherche, pour ses membres, d’une pérennisation des produits. Chaque année passée fatiguait un peu plus les responsables, usés et humiliés d’avoir à quémander, en chemise et la corde au cou, chaque fond de tiroir atteint, une série de pneus supplémentaires auprès de manufacturiers de moins en moins à l’écoute.

Fin des années 2000, fini des aumônes ! « Pas assez de rentabilité sur la vente des enveloppes 650 B » affirmaient en cascade les interlocuteurs, dans l’ensemble des entreprises susceptibles de fournir un dernier effort.

Fidèle à son concept de prise en charge des secteurs techniques que le milieu du cycle se refusait à assumer, la Confrérie entrepris une réflexion dans le but de concevoir « son » propre pneumatique.

Seule la firme Hutchinson, bien qu’opposée comme les autres manufacturiers à la production directe de pneu 650 B, accepta notre projet : l’association achetait le moule nécessaire à la fabrication des pneus. Le moule restait en dépôt chez Hutchinson à Chalette-sur-loing. Le manufacturier fabriquait un pneu spécifique selon le cahier des charges de la Confrérie des 650. La totalité des séries étaient achetées par CPA, grossiste de longue date partenaire de l’association, qui avait de ce fait l’exclusivité de la vente. Aucun stock ne devait rester en dépôt à l’usine et l’enveloppe n’apparaissait pas au catalogue Hutchinson.

Afin d’assurer le financement du moule, dont le prix s’élevait à 15 000 €, la Confrérie lança une souscription auprès de ses adhérents. La moitié de la somme fut ainsi récoltée. L’autre moitié fut obtenue grâce à un prêt consenti par la FFCT.

Pas moins de 6 ou 7 prototypes furent nécessaires à la mise au point du « Confrérie des 650 – Hutchinson ». Plusieurs séries de 1 000 pneumatiques ont aujourd’hui été distribués, en France et à l’étranger.

C’est sans prétention, mais avec fierté, que la Confrérie des 650 souligne le fait que cette enveloppe demeure un produit unique dans le monde du cycle, et même à l’extérieur. Fruit d’un travail bénévole, dans un cadre mutualisé, il est conçu par les responsables de l’association et financé par ses membres.

De par sa méthode de fabrication, ce pneumatique appartient en totalité à la Confrérie des 650. Elle reste maîtresse de sa production, qui se poursuivra aussi longtemps qu’elle en décidera. La Confrérie atteint donc, avec lui, au but qui présida aux réflexions initiales : pérenniser la fabrication de pneus route de qualité en 650 B. Par ailleurs, après plusieurs années d’utilisation, il est maintenant possible d’affirmer que le «« Confrérie des 650 – Hutchinson » répond largement à son cahier des charges : de rendement, de confort et de longévité.

La prestigieuse Société Hutchinson, appartenant au monstrueux groupe Total, est donc aujourd’hui le sous-traitant de la petite Confrérie des 650, avec son budget annuel de 6 000 €.

Compte tenu de l’énorme fossé économique existant entre nous c’est, évidemment, une boutade, mais dans l’esprit c’est un fait. Et s’il serait prétentieux et même ridicule de prendre la chose au sérieux, c’est en ces termes que l’on qualifie la manœuvre lorsqu’une entreprise travaille à la demande d’une autre.