Ainsi vont les choses
C’était voilà quelques jours, le 6 février exactement. Je m’étais organisé, comme cela m’arrive, une sortie spéciale afin d’éviter un minimum la répétition des routes sempiternellement parcourues. Un petit Nîmes à Sète, en évitant soigneusement les routes par trop fréquentées. Sans volonté aucune de faire un peu râler les nordistes, sachez que la journée était magnifique, certes à huit heures du « mat » l’air du matin piquait un peu les mimines mais, dès l’arrivée de mon train à Nîmes, un régal. Pas un flocon de nuage, qui aurait été choquant dans ce bleu d’azur immense, et un beau soleil de printemps. Je profitais ainsi, conscient de ma chance, quant à un moment je fus remonté, sans peine vu mon train de sénateur, par un trio, pour ne pas fâcher, disons de cyclistes actuels. Et voilà que le premier me lance « Bonjour monsieur, il est collector votre vélo !.. » Et crac ! Couillonnade ! Déjà, mes lèvres avaient vibré, pour rendre le bonjour, et elles se préparaient à argumenter pour expliquer à ce « pin-pin » ignare que ma randonneuse avait été faite en 2016 d’un cadre sur mesure en acier inox, équipée de périphériques top-niveau et que, quoi que l’on puisse en penser, toujours et comme hier elle demeurait le must d’un cyclo-tourisme bien compris. Car, outre ses qualités de roulage, pour charger, logique quand on part en voyage, il faut des porte-bagages ; pour être protégé de l’eau quand il pleut il faut des garde-boue et que, quand on roule de nuit, ce qui arrive souvent au cyclo qui part tôt où arrive tard, voire les deux, il faut de la lumière. J’étais prêt à… Et puis m… À quoi bon se péter la rate à expliquer à des consommateurs de vélos comme il y a des consommateurs de IPhone ou de jeux vidéo des trucs qu’ils ne veulent ni ne peuvent comprendre, vu que l’Histoire, et la culture fut-elle cycliste, ils s’en tapent un maximum. Alors j’ai soupiré un « oui » désabusé et suis passé à autre chose. Ainsi vont les choses dans le milieu vélo en 2025. Je note encore ce genre de commentaires que des cyclistes tombés de la dernière averse comme les jeunes cons de Brassens (« Quand on est con, on est con ») m’adressent avec plus ou moins d’ironie. Il est vrai qu’il serait difficile de parcourir en un jour et à vélo la distance que j’ai prise désormais par rapport à la vie…


La pénurie de pelles à neige
J’en suis désolé mais il ne me sera pas possible cette année de rendre le même service que les années passées. En effet, changement climatique oblige, notre région, même notre « Mont-Aigoual », qui culmine à plus de 1 500 m, ne voyait plus ces derniers temps l’ombre du plus petit flocon blanc. Les quatre pelés de commerçants qui, là-haut, faisaient des sous l’hiver sur les quelques couillons de Montpelliérains qui, le week-end, montaient pour aller glisser sur le manteau blanc, râlaient comme des perdus, comme tous ceux qui, même s’ils sont « cafit* » de pognon, râlent parce qu’ils en gagnent un peu moins. Mais le fait était là : plus de neige ! Dès lors, il m’était possible de vendre à des prix défiants toute concurrence les pelles à neige qui, de fait, risquaient de rouiller par manque d’utilisation. De nombreux résidents cyclos des régions escarpées ont donc pu bénéficier de ce service que je leur rendais de bon cœur. Hélas, cette année, ce ne sont pas moins de 70 cm de neige qui se sont abattus sur le plus haut sommet du Gard. Donc, point de pelles à neige en solde cette année pour les copains. Et des excuses beaucoup plus marquées à un certain Normand qui, de longue date, était devenu un excellent client. Cela dit, et vu que je ne souhaite pas laisser les copains dans la mouise, j’ai cherché une solution annexe. Et je l’ai trouvée mais j’ai dû négocier pied à pied… Il n’empêche que les montagnards en manque peuvent d’ores et déjà, en se réclamant de la Confrérie des 650, commander chez Guy Degrenne qui leur réservera le meilleur accueil et la meilleure marchandise… de pelles à tarte. Oui, bien sûr, les travaux de déneigement seront un peu plus longs, mais « faute de grives on mange des merles ! » Et puis après tout… une pelle c’est une pelle !
* cafit : embourbés dans …
Les valeurs du sport ? Et mes magnifiques fesses sont-ce du poulet ?
Aurais-je déjà abordé la question ? Oui, sans doute, c’est ma madeleine de Proust. Alors ne revenons pas sur la kyrielle d’arguments que j’ai déjà listés. D’autant que beaucoup de gens ne sont pas de mon avis et qu’ils en ont parfaitement le droit. Mais je souhaite quand même un minimum enfoncer le clou. Si vous observez, ou avez observé avant de, comme moi, vous en « délagner* », notre bienheureuse et juste société, vous aurez remarqué que rien n’y est hasardeux. Et que si un secteur est mis en évidence, c’est forcément que cette mise en vitrine profite à quelqu’un. De préférence à quelqu’un qui détient les tunes. Pour exemple la multitude de jeux de c… et les feuilletons de mes fesses saucissonnés de courtes pages de pub qui durent plusieurs minutes. Cette remarque établie, revenons sur la place du sport dans cette même société. Ben il est partout ! Pas un journal, pas une radio, encore moins une télévision où le sport ne s’étale tel un Roger Rivière dans le Perjuret. Mieux ! Il arrive même qu’un journal télévisé de 20 heures ouvre sur un résultat sportif, et ce quelle que puisse être la gravité voire l’horreur de l’actualité qui sera tout de même reléguée à la « Poulidorade** ». Une « vergognasse*** ». Preuve s’il en fallait une de l’usurpation par le sport d’une place qui ne devrait en aucun cas être la sienne. Alors vous avez le droit de croire encore que la compétition, les reportages, les cocoricos, les Marseillaises, les petits drapeaux et les soutiens à grands coups de milliards se justifient parce qu’ils sont porteurs de valeurs qui apportent un développement mental et physique pour les jeunes et les moins jeunes… Le réel but demeurant plutôt, et à mon sens, l’abrutissement des masses et le fonctionnement de la pompe à blé. Preuve de la réussite ultime de la manœuvre : la conviction des peuples qu’en effet le sport de compétition est bien aujourd’hui le grand témoin de la réussite et le centre de leurs pauvres existences. D’ailleurs et enfin, « last but not least **** », pour quelle raison pensez-vous que les présidents et plus hautes instances politiques se montrent toujours au plus près d’un milieu qui, sans l’apport d’une notoriété toujours sournoisement recherchée, n’aurait aucun intérêt particulier pour eux ? Permettez-moi alors d’en conclure, vu la position aujourd’hui socialement acquise par le sport dans nos vies de cobayes, que là comme ailleurs « on nous prend pour des jambons ! »
(nous sommes d’accord que je traite ici de sport de compétition, de tous niveaux, et que notre cyclo-tourisme n’en fait pas partie… encore qu’il soit en train de le devenir)
* s’être fatigué à cause d’un énorme ras-le-bol
** logique, à la seconde position
*** une incommensurable honte
***** dernier en date mais non dans l’absolu
Les destinations de l’été ?
Où partirez-vous cet été ? Partirez-vous à vélo ? Toutes les destinations sont intéressantes quand on les vise à vélo. Ben nous, Loïc et moi, plus ma chère et tendre qui conduira la « chariote du diable » parce que mes sensations, coupables certes car un tantinet bourgeoises, adjointes à un empilage d’années qui ne diminue pas, font que je ne me sens, ni de dormir « à la belle », ni chez l’autochtone qui ne me conviendrait pas. Oui parce que je suis allergique violent aux discours à la con, et que je ne veux pas risquer de passer une soirée avec un abruti notoire qui ne sait pas combien il a d’oreilles. De plus, vu que nous allons en Allemagne puis en Pologne, les conneries nous ne les comprendrions même pas. Mais avouez que faire des efforts démesurés pour comprendre ce qu’on vous dit et deviner à force d’insistance que l’homme est en train de vous faire l’apologie du « Reich », c’est quand même déprimant. Bref, nous avons loué un camping-car… Quoi ? Que celui qui n’a jamais souhaité dormir confortablement nous jette la première pierre ! Reste le pourquoi de cette volonté de couvrir à vélo la distance de la gare de déportation de Bobigny (que nous avons visitée la semaine dernière) à Auschwitz tout le long de la voie de chemin de fer qui conduisit 27 000 juifs français vers la mort dans des conditions que l’on infligerait pas à la saloperie de chien de votre cochon de voisin, qui gueule tout le jour et vous mords s’il le peut. J’en connais, peut-être vous aussi, qui trouve l’idée sordide. Qui préfèrent s’en tenir aux nationalismes exacerbés d’aujourd’hui sans revenir sur les anciens, et qui affirme de façon que de toutes façons des vacances en Pologne… bof !! Ben Loïc et moi ce n’est pas notre avis. Un goût très prononcé pour l’Histoire déjà et puis une croyance mystique qu’il demeure sur ce maudit site des vibrations cosmiques que l’on peut ressentir si l’on garde un cœur assez ouvert. D’autre part, les millions de gens exterminés ici ne méritent-il pas que l’on se remue un peu le c… pour simplement leur faire l’aumône d’une présence. Et puis m… Au fil des siècles, les hommes ont parcouru des chemins de pèlerinage, nous allons parcourir le nôtre.
Camarade, tu prends tout le lit !
Vous aurez sans doute noté le phénomène. Il n’est pas foncièrement dangereux, quoiqu’il soit toujours possible de s’emplâtrer un passant en tentant le contournement, mais il est récurrent. Prenez une piste cyclable, une petite route, une route moyenne mais peu fréquentée, et si quelques promeneurs l’utilisent, qu’ils soient un, deux, cinq, dix ou une chiée plus quinze : ils prennent tout le lit ! Toute la largeur de la bande roulante. Difficile de cibler les pourquoi d’un tel comportement mais c’est un fait. Particulièrement emmerdouillé par les « ripatonneux » qui promènent leur chien où leur physique plus ou moins avantageux entre Mèze et Balaruc, j’ai dû très souvent jouer du « beuglas* » énervé pour me faire libérer un peu d’espace où placer mes roues. À tel point que je pense mordicus qu’avec deux de ces quidams sur une autoroute vous paralysez la circulation.
* cri primal relativement sauvage mais à fort volume
P.J.