1 – Alerte communication

            Vous qui êtes de longue date des adhérents motivés de la « Confrérie des 650 », vous êtes forcément au courant que l’association, entre autres patrimoines, possède son propre col : le col des Confrères. Il est situé dans l’Hérault, en haut de la crête de Taillade, sur le D 107 entre les villages de Claret et de Pompignan, deux hauts-lieux du tourisme local.

            Peut-être vous souvenez-vous, si vous êtes assidu à la lecture des infos relatives à l’association, que son inauguration se fît dans la douleur. Un dimanche matin d’une exceptionnelle rigueur. Le givre emprisonnait, au sens propre, la végétation, frigorifiait la carcasse des officiants inaugurateurs pourtant équipés de lourds attributs vestimentaires et momifiait carrément notre pauvre Jeanine qui, souffrant du syndrome de Raynaud, perdait ses doigts vidés de sang le long de la route comme le petit Poucet les petits cailloux blancs pour retrouver son chemin. Remarquez toutefois que, modèle de convivialité, Jeanine ne tint jamais rigueur à personne de l’épreuve qu’on lui avait imposée et qu’elle partageât avec les autres et le sourire aux lèvres, comme chaque fois qu’elle est incluse dans un moment d’amitié, les sardines grillées du midi.

            Bref, le souvenir évoqué, sachez que de nos jours le panneau indicateur du col se meurt. Faut dire qu’à l’endroit où il témoigne de la fierté de l’association, les conditions météos ne sont pas optimales. Non pas que les températures y soient extrêmes. Les conditions extrêmes qu’il aurait connu si nous l’avions implanté du côté de Coutances où, comme nous le savons tous, six mois par an la neige et le verglas font péter les thermomètres, il aurait encore beaucoup plus souffert.

            Mais là où il est, ben le temps est « mitigé cochon d’Inde » : un coup il fait 45°, un coup il y souffle un vent à décorner les bœufs.

            Alors le magnifique panneau réalisé par Dédé et son beau-frère a pas mal « chargé » sous les assauts de ces deux andouilles de Phoebus et d’Éole qui ne sont pas cyclistes et donc ne comprennent rien.

            Alerté par deux sixcentcinquantistes de passage, il semble impératif de prendre le problème à bras le corps. Une première intervention de fortune a été réalisée afin de freiner la décrépitude. À l’aide de ruban adhésif un pansement a été appliqué par Antoine, multi-entrepreneur à Gallargues, pour tenir ensemble la partie centrale du panneau qui au gré du vent s’était envolée au diable vauvert dans les « bartass* »

            Une campagne de travaux vient d’être programmée afin de monter sur site les maîtres-artisans capables de mener à bien la remise en état de la pancarte. Il a même été loué un feu rouge de chantier afin de protéger ce dernier des nombreuses automobiles et camions qui empruntent cette route.

            Pour l’anecdote, apprenez que nous ne manquerons pas, ouvriers montés à vélo et simples spectateurs de l’association, de casser la croûte à l’ombre sous les chênes verts. Si ça vous dit…

* arbustes plus ou moins hauts mais toujours assez acérés pour vous décorer les jambes et le reste.

2 – Loïc bosse pour vous

            Plaignez-vous ! Deux fois qu’il traverse la France pour vous organiser le week-end d’AG aux petits oignons Loïc. Il a bravé les frimas et la pluie pour rejoindre le copain Yves dans les Vosges, et le tout pour votre service, rendez-vous compte. Qui a dit les frimas il a l’habitude ! Je m’excuse mais c’est pas gentil.

            C’est vrai que c’est un descendant des particulièrement rudes vikings, mais quand même.

            Sur cette appartenance ethnique je peux même vous apporter une précision. Une preuve qui témoigne que coule dans ses veines le sang des grands barbus chevelus aux yeux bleus.

            Comme nous tous, notre Loïc, aimerait pouvoir se déplacer parfois très vite et sans peine. Mais vu qu’il est aussi écolo que votre serviteur, il se refuse à prendre l’avion. Alors il a réfléchi, parce qu’il n’est pas bête et il s’est souvenu que la peur donne des ailes. Et que ces dernières seraient bien pratiques quand il s’agit de traverser l’hexagone pour aller pédaler. Mais, et voilà le problème : c’est un viking, et les vikings ne connaissent pas la peur ! Aussi, tout un dimanche après-midi, pendant lequel il ne faisait pas beau c’est vrai, il m’a demandé lui debout et moi sur une chaise de lui taper sur la tête avec ma pompe à vélo. Et après chacun des coups je l’ai entendu me dire : « continue à taper, toujours plus de mal que de peur ! » Alors, c’est sûr ne l’attendez pas par la voie céleste porté par ses ailes d’ange (« Si j’avais les ailes d’un ange, je partirai pour New-York ! » Robert Charlebois), mais pour vous organiser un truc chiadé à point vous pouvez compter sur lui.

(le coup de « plus de mal que de peur » ce n’est pas de moi mais de Goscinny dans Astérix et les vikings. Faut pas lui faucher l’idée parce que si ses descendants sont aussi irascibles qu’il ne l’était lui-même, j’ai des preuves, je risquerai fort de me prendre une tête au carré).

3 – Bon, camarades cyclos, il faut se reprendre !

         Oui parce que là c’est plus possible ! Nos rangs se dégarnissent comme le crâne de quelqu’un que je connais bien. Et dans les deux cas ce n’est pas du meilleur effet.

            Il y a encore six mois, ici, nous étions sereins, nous gambadions sur nos randonneuses, pédalant joyeusement, le sourire aux lèvres et le litron dans le sac. Insouciants, nous parcourions notre terroir béni à longueur de dimanche sur des itinéraires somptueux et en faisant fi de la météo. Nous ne regardions même pas à la dépense quand il s’agissait de se bâfrer de sardines grillées, de panettones de Montpellier et de se torcher un ou deux litre de muscat de Frontignan gouleyant (avec modération, comme ils disent à la télé, les hypocrites).

            Ben aujourd’hui c’est la misère ! D’abord la Jeanine, la plus vaillante et la plus motivée, qui s’est faite opérer d’un genou. Un genou tellement récalcitrant qu’il ne veut plus entendre parler de vélo. Il refuse catégoriquement de se plier assez pour passer le point haut de la pédale. Résultat : notre Jeanine est à pieds. Puis il y a Jean-Phi qui n’a rien trouvé de plus pressé que déménager en Espagne. Ce qui rallonge considérablement la distance du dimanche matin pour venir nous rejoindre. Et puis aussi Antoine qui, après avoir souffert du dos pendant de très longues semaines s’est vu contraint de se faire charcuter la pogne, de se faire poser une greffe de peau qui l’empêchera un certain temps de tenir un guidon. Et sans tenir le guidon, on peut remonter la fermeture éclair de son blouson pour couper la fraîcheur du fond de l’air ou pour attraper une gourmandise dans la poche arrière de son maillot, mais pour couvrir plusieurs dizaines de kilomètres c’est pas un truc à tenter. Jean-Claude, lui, reste motivé, mais il est tellement impliqué dans diverses activités cyclistes qu’il n’a pas qu’à penser à nous. Quant à notre Michel de Montpellier, il est tellement réservé que c’est rarement lui qui fait le premier pas. Voilà peut-être pourquoi professionnellement il est devenu géologue : parce que la caillasse, même si tu tapes dessus à coup de marteau, il y a peu de chance qu’elle fasse la gueule ou te braille dessus en t’envoyant un bourre-pif.

            Bref et toujours est-il que notre petit groupe s’est étiolé jusqu’à ne plus être. Nous travaillerons, c’est certain, pour essayer de sauver ce qui peut l’être, mais vous voulions, ici, lancer l’alerte pour qu’en tous lieux où survivent des cyclo-touristes vous soyez conscients qu’il vous faut toujours lutter pour éviter que l’immonde bête couraillonne ne fasse fin des cyclistes de raisonnement.

P.J.