Ma randonneuse Alex Singer de couleur rouge, date des premiers jours de l’année 1980 et son n° de fabrication est le 297 ; c’est ma deuxième randonneuse qu’Ernest et Roland ont réalisé pour moi en moins de six semaines, un tour de force quand on sait que j’avais attendu 8 mois pour avoir la précédente commandée en septembre 1975. Un vélo à ma taille (je suis petite) et confortable (pour voyager) ne pouvait être qu’un vélo 650. Avec ce premier vélo fait à mes mesures j’ai fait du tourisme à bicyclette et commencé à découvrir la France et le monde. Fait l’un pour l’autre nous étions devenus inséparables, quand le 25 novembre de l’année 1979 je me suis aperçue qu’il avait disparu du local à vélo de mon habitation parisienne, à quelques semaines d’un voyage à vélo programmé à Ceylan (qu’on appelait pas encore Sri Lanka), j’ai le jour même appelé la maison Alex Singer « Ernest, on m’a volé mon vélo ; pouvez-vous m’en faire un nouveau pour le 6 janvier ? Ca va être difficile m’a-t-il dit mais on va essayer ». Et c’est ainsi que cette deuxième randonneuse a fait ses premiers kilomètres sur les routes de Ceylan. Voyageuse, elle le fut à ses début et le resta. Avec elle j’ai visité la France du Nord au Sud et de l’Ouest à l’Est, quelques pays européens, la Californie et les grands parcs américains, l’Asie avec la Thaïlande et l’Inde.
Avec ma randonneuse 650 j’ai fait aussi bien des grandes randonnées en France comme le BRA ou le Paris-Brest-Paris que des voyages au long cours, seule ou avec des amis. Avec un tel vélo « cousu main » on n’hésite pas à se lancer sur les routes, même à plus de 5000 m d’altitude sur des routes qui n’en sont pas. Il a suffit pour le Ladakh de changer la section des pneus et de passer des 32 B aux pneus « Tour du Monde ».
Cette randonneuse à 35 ans aujourd’hui ; après un lifting il y a une dizaine d’années ; elle a retrouvé une certaine jeunesse mais moi pas, de sorte qu’aujourd’hui elle mène un train de retraitée.
Ce vélo fait à mes mesures pour voyager avait un coût à l’époque. Trois mois de mon salaire d’alors ! « C’est cher » m’avait alors dit Ernest quand en 1975 il ne manquait pas de clients pensant que j’allais renoncer. Mais ce vélo je le voulais, je m’en suis donc donné les moyens. Et si il y a une dépense que je ne regrette pas, c’est bien celle-là. Depuis j’ai changé quatre fois de voitures…..
Marie-Louise