Pour sortir de Sète vers Montpellier, une route toute droite longe le canal. Pour vaquer à mes occupations professionnelles, je pédalais l’autre jour sur ce bitume nauséabond, « épaissement » fréquenté de cafards automobiles, lorsque me double un cycliste. L’homme, maigre tel un coucou, juché sur un vélo de course, me passe, fier comme Artaban, sur la plaque qu’il pouvait à peine tourner, sans un bonjour ni un regard. Moi, pas bêcheur, je n’en prends pas ombrage mais note en mon for intérieur que certains se la racontent grave… Or, avant de déboucher sur la N 112 de sinistre réputation accidentogène, la voie grimpe sur deux cents mètres pour se hisser au-dessus du nœud ferroviaire qui se forme en cet endroit. Et là pour le quidam sur son hardi palefroi les choses se compliquent. Il saisit le cintre par en-dessous, ouvre la bonde à la bonne volonté mais que pouic… les jambes sont en panne. Il prend la position danseuse sans guère plus d’efficacité. Sans trop forcer mais avec dans la tête, remontée d’on ne sait où, une doucette pensée méprisante, j’enrhume le bonhomme dans un vent « simounesque ». Juste pour démontrer qu’une vraie randonneuse ça marche aussi bien pour un cyclo qu’un vélo de course à poil.

Patrick JEAN