Mieux vaut s’adresser au bon Dieu qu’à ses Saints !

Vu que de nombreux cyclos se sont sans doute, au moins une fois, trouvés dans cette situation, je ne résiste pas au plaisir de vous conter une anecdote récente, dont je rigole aujourd’hui mais qui, au jour dit, ne me faisait pas rire du tout. En cette période de disette de vélocistes expérimentés, j’en suis, comme vous autres, réduis à fréquenter des magasins de chaînes soi-disant spécialisés qui forment leurs collaborateurs dans des écoles dédiées où ces derniers apprennent plus à bidouiller l’ordinateur pour commander à Taïwan plutôt qu’à manier la clé à rayon. Je me rendais donc chez « Mondovélo », puisque c’est d’eux qu’il s’agit, juste pour commander un cuissard long, histoire de remplacer mes anciennes gueilles* qui laissaient par trop apercevoir l’intimité de ma personne. On a la pudibonderie que l’on peut. Un cuissard « Santini », j’insiste, parce que depuis de longues années d’utilisation je connais la qualité du matériel fourni par nos amis italiens. En attente dans le bouclard, « v’là ti pas » qu’arrive un quidam que je ne connais que de vue, que j’ai croisé deux ou trois fois, mais qui veut à tout prix s’accoquiner avec moi et affirme à chaque rencontre que ma randonneuse est « vintage » ! La première fois je l’informais qu’elle était de 2016, mais l’homme ne tient aucun compte de l’info et continue à qualifier ma machine du même adjectif. À mon âge, et depuis maintenant un certain nombre d’années, je ne discute plus avec les possédants de trop de certitudes : il la voit vintage, soit ! À chaque rencontre, le bonhomme me raconte qu’il fut trente ans mécano chez Motobécane et bla bla et bla bla… et qu’aujourd’hui il restaure des vélos pour le plaisir. Bon ! Cela dit je m’en tape un peu ! Mais il semble dans ce magasin comme un poisson dans l’eau. Il doit y venir souvent. J’espère simplement qu’il ne gonfle pas autant le tôlier et ses ouailles que ce qu’il me gonfle moi. Bref, après m’avoir copieusement bourré le mou, ce qui m’horripile particulièrement car j’ai une sainte horreur des gens qui parlent sans savoir, le voilà qui s’exclame : « Oh mais vos freins sont mal réglés ! Les freins c’est important ! » Sans blague !? Certes, mes patins présentaient un certain écart par rapport à la jante, simple effet de l’usure des patins que je ne corrige, peut-être, pas aussi souvent qu’il le faudrait. « Je vais vous les régler ! » qu’il me dit l’andouille. Racontant au soir l’anecdote à Chantal, ma compagne : « t’avais qu’à l’envoyer péter ! » me dit-elle. J’aurai dû… peut-être. Mais je n’aime pas fâcher les gens. Mes colères existent, il y a des témoins, mais elles sont toujours le fruit d’éruptions spontanées. Alors j’ai laissé le bonhomme s’en aller chercher derrière le comptoir le jeu de clés Allen qui lui permettrait de régler mes freins. Et puis, après tout, se faire régler les freins gratos, ma foi pourquoi pas. Alors, le mécano retraité a réglé derrière, puis devant, puis ré devant car ça touchait. Au bout de vingt minutes de bricole, « voilà ! » qu’il me dit. Alors j’ai pris congé, en remerciant bien sûr… mais non sans remarquer que mon pneu arrière frottait quelque part. Le dire au bonhomme ? Ça va pas ! Et repartir pour un tour ? Non merci, j’ai enfourché ma randonneuse et suis parti chez Jeanine qui réside pas loin de là. Je lui ai conté l’histoire et réglé moi-même le problème. Tout cela pour vous dire qu’il faut toujours se méfier des donneurs de leçon et qu’en terme de vélo comme en toutes choses, si l’on ne sait pas se débrouiller soi-même il vaut mieux s’adresser à Dieu qu’à ses Saints. À condition toutefois qu’un Dieu du vélo vous en dénichiez un.

* vêtements usagés

FFV, Église Catholique, même combat

Je sais : faut pas parler de ce qui fâche ! La religion et la politique. Mais bon il ne s’agit pas d’en parler mais simplement d’évoquer des comportements qui, vu d’ici, semblent peu conformes à l’essence de certaines structures. Celle qui nous concerne le plus, c’est la FFV (Fédération Française Vélo), anciennement FFCT (Fédération Française de Cyclo-Tourisme), dont on peine sur le terrain à déterminer quelle idée des décideurs présida à ce changement de sigle. « On a changé, mais ça change rien… » qu’y disent ! Ils affichent parfois FFV, parfois FFCT… Sur le site internet « s’empègue* » le logo rond FFV, sous-titré « Fédération Française de Cyclo-Tourisme ». Va comprendre Charles ! Parce que, dans la tête des « vrais », FFV et FFCT c’est pas la même chose. À l’heure du changement, votre serviteur assista à des colères tout rouge de certains qui furent ou qui sont encore de vrais piliers de la FFCT et qui n’apprécièrent pas mais alors pas du tout cette recherche de lissage putassier. Bref, nous reprendrons plus tard le procès d’intention. Il n’empêche que c’est un reportage aperçu hier soir par hasard sur un écran de télévision, je dis par hasard, parce qu’il est très rare que je traîne devant la lucarne à l’heure des infos. Ces dernières, et les gens qui les présentent, me faisant de plus en plus rapidement « venir le gobbi !** ». Mais le fait est là, j’appris que pour l’inauguration de la cathédrale Notre-Dame de Paris le 8 décembre, le clergé catholique s’était commandé une toute nouvelle garde-robe (que l’on n’hésite pas à baptiser « Collection », pour… 100 prêtres (sic), et dessinée par Charles de Castelbajac s’il vous plaît (resic). Alors là, pardon mais, je râle !!! L’époque est-elle tellement à l’opulence ? Première question. Et Deuxièmement : le rôle de l’église est-il bien de donner aux quelques prêtres qui lui restent les moyens de faire les mariolles déguisés par la haute couture plutôt que de venir sérieusement au secours des peuples et communautés en souffrance ? D’autant que le trésor et les coffres de la Cathédrale dégueulent déjà de vêtements sacerdotaux de grandes valeurs et de toutes époques. Le clergé rejoint quelque part ici, je pense, le conseil d’administration de la fédé, ou peut-être est-ce l’inverse… dans sa volonté d’esbroufe et de ratissage au plus large des couches sociales qui ne s’interrogent pas trop. Il est vrai qu’il est toujours difficile de vouloir à la fois paraître, assurer sa rentabilité, tout en maintenant sa probité initiale.

* coller en plein milieu bien visible

** l’envie de vomir

Debout les gars réveillez-vous ! (chanson connue)

Ben alors, quoi vous foutez ? Comme disait mon petit-fils. Déjà fin novembre et pas de rendez-vous d’assemblée générale ? Va falloir vous secouer. Vous sortir les doigts de là où je pense et les fesses du canapé. Parce que le gars Pierrot, qui en a organisé une palanquée d’AG, ou le gars Dédé, qui lui non plus n’a pas donné sa part au chat, vous le diront : une fois l’année tournée, du côté des campings et des structures d’hébergement ça se remplit aussi vite que le lit du fleuve Hérault pendant un épisode cévenol. Alors à vos cartes (oserais-je dire à vos GPS) et à vos téléphones pour mettre sur pied un truc fantastique, à faire blêmir les organisateurs des jeux 2024, pour faire découvrir dans toute leur magnifique splendeur la beauté de votre région. Cela dit, il est probable que vous ne ressortirez pas de là avec les poches aussi pleines que Tony Estanguet. Mais vous aurez sûrement dit moins de co….ies.

P.J.