Lettre mensuelle n° 3 (juin 2024)

[NDLR : La « Lettre de Patrick » est d’abord à destination de la liste de diffusion de l’association ; elle est reproduite ici pour une plus large diffusion.]

L’AG à Jumilhac-le-Grand s’est bien passée, merci ! Retrouvailles, belles balades et bonne ambiance, que du bon. Mais un point particulier reste à souligner : la présence de « Monsieur Louis » !! L’homme aux chaussettes d’arc-en-ciel, le doyen du rassemblement, était là. Toujours bon pied, bon œil et la socquette légère. Les récents adhérents n’auront sûrement pas jugé à sa juste valeur la notoriété du bonhomme. Ils ne savent pas que ce cyclo fut la même vertu, la vaillance et l’honneur de la Confrérie depuis ses débuts. Qu’il fut de la plupart des raids et des camps de repos, sans jamais une plainte et le sourire aux lèvres. En quatre jours de route, aux autres leur a-t-on fait savoir ? De plus, « Monsieur Louis » fut il y a quelques temps méchamment agressé par une maladie sournoise. Il en faudrait plus pour faire tomber le personnage de sa randonneuse verte. Le voilà donc de retour. Bravo Louis !!! Et qu’il sache, par la présente lettre ou par d’autres vecteurs, que tous nous serions avec lui en rangs serrés et armés jusqu’aux dents si par bêtise les assaillants du premier assaut tentaient de revenir.

Le magazine « 200 », arrivé sur le marché depuis quelques années maintenant, est seul sans doute à traiter dans ses pages, réellement d’une activité qui se rapproche de la nôtre. Plus jeunes que la majorité des vieux croûtons que nous sommes, les responsables de cette parution défendent des positions qui, bien que cyclo-touristes, divergent quand même un minimum des nôtres. Leur âge et leur vécu expliquent certainement cela. Il n’empêche que, s’il est vrai qu’il faut vivre avec son temps, de nos jours, compte tenu du nombre constamment évolutif des « pinspins » avides et peu soucieux de progrès sociaux, il faut tout de même y regarder à deux fois. Parenthèse un minimum rassurante pour les anciens, jeunes ou vieux c’est comme à confesse : c’est chacun son tour. Évoquons ici au passage mon compatriote sétois « le grand Georges » qui lançais à une jeunette qui clairement se moquait de son âge : « marquise si mon visage a quelque chose d’un peu vieux, souvenez-vous qu’à mon âge vous ne vaudrez guère mieux ! » Fermons la parenthèse. Cela pour dire que ce n’est pas parce qu’une idée est nouvelle qu’elle est forcément bonne, et que les vieillots que nous sommes peuvent très bien conserver dans leurs sacoches quelques façons de faire qui n’ont pas encore trouvé d’équivalent. Bref, le GPS pour remplacer la carte, la prise USB sur le vélo pour recharger le téléphone ou les sacoches mini dans lesquelles on peut sans peine introduire dans l’une son portefeuille, dans l’autre un rouleau de papier cul, sont-elles vraiment des avancées par rapport aux cartes Michelin papier et aux sacoches latérales que l’on est de toutes façons pas obligé de remplir à ras bord ? Cyclotourisme ne rime-t-il pas avec liberté et simplicité ? Cette analyse mise à part, car ses conclusions ne sont pas gravées dans le marbre, sachez que « 200 » annonce son hors-série n° 2 sorti récemment, l’avènement d’un nouveau trimestriel baptisé « Traverse » et sous-titré « Le tourisme à vélo en France, en Europe et en douceur ». À voir si le nouveau canard vaudra la peine d’être lu ou au moins feuilleté et si les conceptions des jeunes sont meilleures, équivalentes ou, peut-être, moins justes que celles des anciens.

Ce n’est certainement pas évident pour tout le monde, mais il y a un lien costaud entre écologie et bicyclette. Au moins dans l’utilisation qui est la nôtre. L’un d’entre nous vient d’en faire la démonstration éclatante en s’offrant deux mois de vacances sans autre moyen de locomotion que sa randonneuse… Oui bon ! Il s’est permis quelques mini-écarts, pour cause de météo vraiment exécrable ou par manque de temps pour rester fidèles à ses rendez-vous, mais uniquement avec l’aide, acceptable, du train. Par souci de discrétion, nous ne donnerons pas son nom. Il n’est pas question de porter atteinte à l’intimité de l’un des nôtres. Sachez seulement que l’homme est normand. Il n’y pas de mal à cela, surtout lorsque l’on supporte les bottes en caoutchouc. Le voyageur partit un beau matin de Nantes, pour s’en aller, pédalant peinard, au départ de l’hivernale de la confrérie. Ensuite, Pâques an Provence, quelques BPF du sud-est, un détour par Sète, d’autres BPF d’Ardèche, puis un voyage à Compostelle, encore des BPF en Ardèche cette fois et l’AG de la Confrérie. Sans oublier quelques kilomètres avant de retourner à Nantes. Bref, une démonstration s’il en fallait une qu’à vélo on peut aller très loin, avec quelques litres… de pinard pendant les repas, pas d’essence puante et polluante pour faire la route en feignant.

Patrick Jean