– T’en veux des tartes ?!

            Au départ, l’idée c’était de faire un barbecue ! Mais… bon, là-haut, au « col des Confrères », c’est la garrigue et ça grouille de chênes-verts et de genévriers cade. Et ces trucs-là, vue de loin, ça semble innocent comme l’agneau qui vient de naître, mais que passe dans le coin une cigarette mal éteinte et tout le monde s’enflamme tel un public de midinettes lors d’un concert de Christophe Mahé. Alors, nous avions tenté de nous renseigner sur les possibles interdictions de faire du feu et sur les risques de nous faire embarquer par la maréchaussée, mais sans recevoir de véritables réponses claires. Alors, téméraires mais pas irresponsables, nous avions décidé de demeurer dans le menu froid. Pas de feu, ok, mais pas question de rester dans le traditionnel pour fêter un événement majeur de la vie confrériale : le changement du panneau du col. L’un des gestionnaires de l’association avait même fait l’effort de modifier un programme pourtant chargé pour être présent au jour dit. Alors… nouvelle idée : une tarterie. Ceux qui le désiraient et qui en étaient capables pouvaient composer et apporter une tarte salée ou sucrée. Aucune obligation simplement au « feeling » pour ceux qui le sentaient. Avec simplement l’obligation d’avertir sur le type de tarte choisi, afin de ne pas se taper que des oignons ou des endives ou que des pommes ou du citron. A la veille du jour dit, nous comptions cinq tartes, deux salées et trois sucrées. L’affaire semblait équilibrée pour la dizaine de cyclos présents. Hélas, il n’est jamais bon de sous-estimer la bonne volonté des confrères. Et au départ de la rando, le samedi 11 octobre, ben des tartes, des beignets et des madeleines aussi, un minimum dissidentes mais qu’importe, il y en avait plein le coffre de la voiture de Chantal, censée transporter le « frichti » jusqu’au col. Ainsi, après la grimpée facile du col de Fambetou et la trentaine de kilomètres de belle ballade sous le soleil, nous étions à 13 h 30 au lieu désormais territorialement remarquable dans l’Histoire de la Confrérie. Le temps qu’Antoine ne casse le poteau supportant le panneau (qui ne demandait que cela, il est vrai), qu’il découvre la meilleure façon de quand même le rendre visible dans l’attente d’une vraie restauration, celui des méditations et des photographies et nous nous mîmes à table… par terre.

Et là : « t’en veux des tartes ? » À en avoir les dents du fond qui baignent ! Surtout que le tout avait été arrosé avec du cidre. Pas vraiment diététique pour des cyclistes. Mais bon ! Après quand même de longues minutes de récupération, juste le temps que le surplus de pâte et d’ingrédients descendent un peu bas dans les canalisations de chacun, nous avons repris la route. Heureusement, cinq kilomètres de descente, avant un arrêt à Claret où madame ma mère nous avait préparé le café. Et enfin, une douzaine de kilomètres de plat pour revenir au point de départ. Une fois les vélos en voitures, les plus gourmands ou ceux qui conservaient un petit coin où caser les restes, avalèrent, façon « La grande bouffe » (film de Marco Ferreri de 1973) quand même, la tarte rescapée de l’orgie et le dernier litron de cidre. Bon, pas très diététique c’est vrai. Mais on n’était pas non plus au départ du Tour de France.

– Faut le comprendre !

            C’est vrai que nous ne jouons pas dans la même cour avec Olivier (Csuka, cycles Singer), nous sommes bénévoles et il est commerçant, alors forcément les points de vue sont différents. Surtout que, pour le moins, de nos jours, le petit commerce se doit de puissamment ramer pour ne pas sombrer face aux attaques des chaînes de vélo (sic) et de matériels pour cycles (de m… le plus souvent) et celles des économies mondiales déjà malmenées. Il est vrai que le procédé consistant à reprendre à son compte pour son Panaracer l’annonce de l’arrivée de notre pneu Hutchinson sur la liste de diffusion de la Confrérie n’est pas de la plus noble élégance. Mais ce qui est exact dans le propos d’Olivier, c’est que déjà du temps de son père et jusqu’à aujourd’hui, les cycles Singer ont été des soutiens, pas puissamment engagés évidemment, mais tout de même toujours de bon conseil. Aux heures les plus noires du 650 B, les près de vingt-cinq ans pendant lesquels « tous » les vélocistes travaillaient fort à sa disparition, le matériel 650 B fut toujours dispo rue Victor Hugo. Les cycles Singer furent même adhérents, ils le sont encore… Alors, sans vouloir en rajouter une couche, disons que les bistouilles entre notre pneu et les différents Panaracer 650 B fabriqués à Taïwan suite à la collaboration entre la firme susnommée et les cycles Singer n’est pas d’aujourd’hui. Un point noir subsiste quand même qu’il faut bien relever, c’est qu’à l’époque lointaine (déjà) et glorieuse du lancement de nos pneumatiques, Olivier n’hésitait pas, par la toile, l’écrit ou de vive voix, à émettre l’idée que notre pneu n’était qu’un tuyau d’arrosage. Vu que notre association ne fait pas dans le jardinage, le commentaire ne pouvait être pris comme un gentil compliment. Mais bon, n’y a-t-il pas assez de conflits dans le monde pour en ouvrir un nouveau sur un sujet aussi léger ? Il doit y avoir assez de roues à équiper pour laisser de la place à tout le monde. Et puis, répétons la constatation du début : le petit commerce souffre, surtout dans des secteurs qui touchent au domaine du loisir, même lorsqu’il s’agit, comme dans notre cas, d’un loisir hautement sociétal. Alors, sans rancune Olivier, continue à sortir de très belles machines, à entretenir l’esprit et, si possible, à vivre de ton art. Mais quand même fait gaffe aux copains.

– Onze novembre pluvieux, Onze novembre heureux !

            C’est un peu couillon ce que je dis, parce que pour célébrer l’anniversaire du 11 novembre on sort rarement les costumes de clowns et les cotillons. La fin d’un hachis Parmentier à l’échelle mondiale à coups de millions de bombes, de mines et de coups de fusil pour une cause dont le bien-fondé reste encore à prouver, ça ne ressemble pas à la fête orgiaque de la nuit de la Saint-Sylvestre. Mais disons qu’il y a un temps pour se recueillir et un temps pour (tenter) d’oublier.

Alors, pour le traditionnel rendez-vous de la Confrérie que vous tiendrez cette année à Arzacq-Arraziguet (64), chez Bernadette, toujours jeunette et pimpante, et Marcel (Lajus), nous vous souhaitons le plus agréable séjour et les plus belles routes de ballade. Mais… pardonnez-moi mais j’y crains un « mais » qui s’appuie sur mon expérience personnelle. Perso, chaque fois que j’ai posé mes roues, et mes fesses, légèrement au Sud-Ouest de Toulouse, j’ai pris de la flotte sur le pif. Parce que sans faire de mauvais esprit, en Béarn comme en Irlande, il pleut deux fois par an, une fois 3 mois et une 6 mois. Ce que je ne vous souhaite pas évidemment. Ils n’ont pas réalisé nos Béarnais. Vu que, comme les escargots, ils évoluent en toutes saisons dans la « bouillaque » et l’humidité, ils ne se rendent pas compte que l’on peut aussi vivre au sec. Bien sûr, vous et moi ne leur en voulons pas. Le projet part d’un bon sentiment et, qui sait, un coup de bol, vous éviterez peut-être la flotte. Tout cela pour vous dire que je suis jaloux… de ne pouvoir me mouiller avec vous à cause des sous. Que voulez-vous, mais les retraités… Et cet andouille de Manu, et son gouvernement, qui aura peut-être changé entre le moment où j’écris et celui où vous lirez ces lignes, qui veulent encore les essorer un peu plus…

P.J.