– Pèlerinage

C’est nécessaire ! Vu l’emplacement du col, juste en haut de la route, là où le panneau du col des Confrères, amoureusement concocté par Dédé et son beau-frère, fait copieusement la gueule. Il prend en pleine poire le vent qui souffle huit jours sur dix nord-ouest (les deux jours qui restent il souffle marin). La planche sur lequel est inscrit le noble titre s’est fendue en trois dans le sens de la longueur. Passant par là il y a quelques jours, Jeanine et Antoine ont été contraints d’aller trifouiller dans les « bartass* » pour retrouver le morceau central. De cela nous vous avions causé. Toujours sur le qui-vive, les sixcentcinquantistes locaux ont de suite pris les choses en mains. Antoine a de suite posé un pansement de fortune. Et à plus long terme, pour intervenir de façon pérenne, nous avons convoqué les artisans-cyclos, charpentiers, peintres, terrassiers et autres agents de la DDE qui, comme chacun le sait, sont nécessaires en nombre pour discuter et boire le pastaga en regardant travailler les autres. La date avait été fixée, les matériaux et outillages préparés, quand un souci de dernière minute nous a obligés à déplacer la date de début du chantier. C’est Antoine, le chef de chantier, qui a dû se faire opérer de la main. Cela dit en passant, le copain n’a pas de bol avec sa santé, les emmerdements défilent pour lui tels les régiments de l’armée française un matin de quatorze juillet. Bref, nous verrons cela du côté du mois d’août ou du début septembre. Pourtant, si la fatalité croyait stopper ou seulement diminuer notre motivation dans l’accomplissement de notre sacerdoce, elle s’est fourrée le doigt dans l’œil jusqu’au coude. Parce qu’Antoine, notez ici la prouesse, a réalisé un panneau tout neuf… d’une seule main. Le comble de l’engagement ! De ce fait, vu que les beaux jours arrivent et ne serait-ce que pour honorer le « monomaniste » et effectuer un pèlerinage sur l’un des hauts-lieux de la Confrérie, n’hésitez pas à venir nous faire un petit coucou au pays des 50° à l’ombre. D’une part vous ne serez pas obligés de vous mettre à l’ombre et de l’autre, nous possédons une grande expérience du fait et disposons de méthodes pour faire tomber la fièvre : la mer, celle qu’on voit danser le long des golfes clairs, le mont Aigoual, à 1 565 m, où il fait moins chaud et où l’on n’est pas obligé de monter à vélo, et les garrigues au sein desquelles on peut s’allonger pour la sieste, en évitant toutefois les « arjalas** », les ronces et les couleuvres de Montpellier qui demeurent les plus grands serpents de France. En ce qui concerne l’animal cité, comprenez qu’il s’agit d’une plaisanterie, car ce type de bestioles, largement moins connes que l’être humain, appliquent le principe du « pour vivre heureux vivons cachés » et jamais elles ne s’approchent de nous autres bipèdes, endormis ou pas. Mais moi… J’EN AI LA TROUILLE !!

* arbustes épineux de tous types

** genêts scorpion

– Alors, ce pneu ?

Non parce que vous l’annoncez, vous l’annoncez, c’est bien, mais les feignasses de retraités qui n’ont rien à foutre de leur journée que d’aller traîner la gueuse, dans les environs ou dans des contrées lointaines, ben ils commencent à rouler sur la jante. « Y »’a des chanceux, ou des prévoyants, qui avaient anticipé l’affaire et fait des stocks. Pour les autres, ils vont bientôt devoir passer, que pour dépannage bien sûr, par la concurrence. Mais même en dépannage, c’est pas un bon plan. Parce que la concurrence, on ne peut pas dire qu’elle ait été cool avec nous. À l’heure de la création de notre pneu, je sais forcement de quoi je parle, et jusqu’à aujourd’hui encore, le qualificatif de « méprisant » pour notre travail n’est franchement pas assez fort. Nous autres, zen et philosophes, ne lui en voulons pas. Mais disons, pour rester dans les clous sans oublier le passé que : chacun sa m… ! D’autant, et c’est un fait, que notre enveloppe vaut largement les leurs. Il serait donc bien d’éviter de voir notre public s’éloigner, même momentanément, de la cause. Bien sûr et sachons-le tous, ce n’est pas le CD de la Confrérie qui établit le planning de l’usine de Chalette, mais l’annonce ainsi formulée, est-ce vraiment positif ? Parce que « très prochainement », ben… c’est une date qui n’apparaît pas sur le calendrier. Même pas sur le calendrier révolutionnaire.

PS : cela dit, le pneu, il a de la gueule !

– Avant un 11 novembre extra, un VSD studieux

Ce n’est pas la coutume que de coupler un rendez-vous de la confrérie avec une organisation déjà constituée et d’un type un peu différent, mais là c’est pour la bonne cause. L’occasion était trop belle, et de plus proposée par l’un des organisateurs de la manifestation mère, que de présenter à un public béotien les nouveautés de la Confrérie des 650. Car si en effet, l’amicale intimité des rencontres habituelles sera un peu malmenée, cette exception-là permettra de tenir un stand et donc de rencontrer de nouvelles oreilles. Capables, espérons-le, d’entendre le discours confrérial et d’apprécier les matériels par elle conçus. Et puis il ne sera pas interdit, en sus de la défense de la cause, d’aller rouler sur les chemins qui, il y a environ 170 ans c’est pas si loin, virent sans doute balader deux copains célèbres : Cézanne et Zola.

– Réflexion profonde

Il y a bien longtemps que la question me ronge. Depuis le jour où Guy Estopina, vélociste à Sète de son état, m’avait fait essayer un VAE pour monter à Saint-Clair. Depuis, l’eau a couru sous le pont de la Civette au-dessus du canal Royal, et le VAE c’est comme les moustiques tigres, ça a envahi l’ensemble du territoire. Alors, de fait, le questionnement est devenu de plus en plus prégnant : mais enfin pourquoi tant de haine (pour ceux qui depuis leur enfance lointaine n’entendent pas accepter une aide de quel ordre qu’elle soit). Parce que convenez-en, le VAE est aujourd’hui la star incontournable du deux-roues populaire. Et bien j’ai, me semble-t-il, trouvé un début de réponse : le changement climatique.

Auparavant (chinois), la météo était l’alliée des cyclos en quête de grands espaces. Petits ou grands rouleurs trouvaient toujours des créneaux pour aller se tanner le cul des 10 ou 12 heures durant sur les routes de France ou d’ailleurs. Et ben, comme pour les espèces animales qui voient leurs biotopes se dégrader du fait de la connerie humaine et en arrivent à la voie d’extinction, le cyclo pur est lui aussi menacé. Le climat change. Y’en a qui doutent ? Ben qu’ils constatent : aujourd’hui chaque fois que le ciel s’obscurcit, tous les bipèdes conscients serrent les fesses car à chaque coup de tonnerre, avertissement qu’il va peut-être pleuvoir, c’est un terroir entier qui risque fortement d’être dévasté. Quant à l’hiver, le froid, jalon des saisons qui régissent l’année, il s’est retiré en des régions extrêmes et les animaux et les végétaux ont depuis longtemps perdus le Nord. Et comme eux les cyclos, quand il fait trop chaud, ils sortent pas, quand il fait trop froid, ils sortent pas, quand il pleut, ils sortent pas, quand il y a du vent, ils sortent pas, quand le temps est menaçant, ils sortent pas. Alors, compte tenu du climat d’aujourd’hui, ils sortent pas souvent et leur condition physique s’en ressent. C’est pourquoi les cyclos qui, de fait, possèdent quelques heures de vol, se raréfient.  Alors, restent qui sur la route ? Quelques anciens qui, sans entraînement ne se sentent pas de monter le Ventoux, et beaucoup d’ersatz qui avec leur mobylette « voudraient bien avoir l’air mais n’ont pas l’air du tout ! » (voir Jacques Brel). « Faut vivre avec son temps ! » qu’a dit quelqu’un. Ouais, pour sûr, mais peut-être vaut-il mieux lutter et militer contre les nouveaux affres du climat que de baisser son froc en montant un moteur.

P.J.